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lunes, 3 de noviembre de 2014

Royaume-Uni | L'homo architectus en voie de disparition?

http://www.lecourrierdelarchitecte.com/article_6130


Royaume-Uni | L'homo architectus en voie de disparition? (22-10-2014)

Visiter Londres ou bien observer depuis l’étranger les nombreux chantiers qui transforment les plus grandes villes britanniques laisse à penser que l’homo architectus est une espèce bien portante au Royaume-Uni. Que nenni ! Maigre, affamé, sur le qui-vive, il est en passe de disparaître. Il y a trois ans, The Independant annonçait sa mort. Aujourd’hui, The Economist persiste et signe.
Le 16 octobre 2014, l’Institut Royal a donné son verdict : le théâtre Everyman, conçu par l’agence Haworth Tompkins à Liverpool, a été désigné, contre toute attente, face notamment au centre aquatique de Zaha Hadid et à The Shard de Renzo Piano, lauréat du Stirling Prize pour, entre autres, «son sens original de l’humour». Un pied de nez aux starchitectes en lice donc et surtout un moyen pour la Grande-Bretagne d’assurer la promotion d’autres architectes sur la scène internationale.
Pour The Economist, l’annonce du prix est davantage l’occasion de revenir dans l’édition du 16 octobre 2014 sur le métier d’architecte, une «profession qui, au-delà du strass[des réalisations en lice], souffre de la baisse de la demande en plus d’être en proie à de rapides changements structurels».
02(@PhilipVile)_S.jpgBien plus que dans d’autres pays d’Europe, «les architectes ont, en Grande-Bretagne, vu la demande chuter de plus de 40% selon des estimations du RIBA».
«Des facteurs structurels, indépendants du volume de construction, semblent expliquer le déclin relatif de la profession. Parmi eux, ces professionnels qui offrent notamment des services similaires, tels qu’ingénieurs et géomètres, lesquels ont continué à grappiller depuis la récession une partie du travail dévolue aux architectes».
«Pire encore, la principale activité des agences - à savoir la conception de nouveaux édifices - affronte de plein fouet la menace que constituent de nouveaux systèmes constructifs bon marché, minimisant le besoin d’un plan coûteux fait sur-mesure. Bien des constructions commerciales, comme la dernière génération d’hôtels construits par Travelodge, une chaîne à bas coût, sont conçus à partir de conteneurs en vue de réduire les frais de conception».
L’article accuse également le gouvernement de promouvoir la construction modulaire. De fait, le développement de l’immobilier ces dernières années au Royaume-Uni ne profite pas aux architectes. Aussi, à force de chiffres - dont une prévision imaginant qu’en 2025 le marché de la construction ne retrouverait toujours pas son niveau de 2007 -, l’article prophétise la disparition, à terme, des petites agences. «Pour survivre, les plus grands bureaux, tels ceux qui gagnent normalement le Stirling Prize, ont dû chercher des projets à l'étranger, dans des pays en plein boom économique, tels qu’en Chine et à Dubaï».
03(@PhilipVile)_B.jpgIl y a trois ans déjà, la mort de l’architecture était annoncée par le quotidien The Independant suite à une étude publiée par le RIBA.
Le lecteur de l’édition du 11 avril 2011 pouvait notamment lire : «De jeunes architectes se montrent profondément perplexes vis-à-vis d’une architecture qui se veut actuellement impressionnante. Pourquoi devrions-nous penser que les architectes n’apportent rien d’autre que des contributions superficielles à nos vies et à notre environnement construites quand tout un chacun peut observer de petits projets, sinistrement temporaires - avec toujours plus de couleurs - au sein d’une scène urbaine saturée, celle de cette prétendue renaissance urbaine britannique composée de cyniques réalisations de pacotilles qui auraient très bien pu être bâties par des mordus de marketing ou tirées des pages de la nouvelle de J. G. Ballard, la Foire aux atrocités : 'désespérés par la nouveauté et désappointés par le familier, nous recolonisons le passé et le futur'».
The Economist relativise toutefois ces perspectives obscures autant que la fin des petites agences et considère les développements technologiques comme autant de moyens pour survivre, CAD et BIM en tête.
Pour l’Institut Royal, ces nouveautés étaient pourtant présentées trois ans plus tôt comme un frein : «Petites et moyennes agences ont exprimé leur résistance vis-à-vis des technologies intégrées en vue des constantes mises à jour qu’elles appellent, mises à jour difficiles à supporter compte tenu de la taille de ces entreprises qui se retrouvent rapidement en-dehors des circuits et qui font, de fait, appel à des collaborateurs de plus en plus jeunes pour rester à niveau».
04(@PhilipVile)_B.jpgIn fine, ces agences continuent, au Royaume-Uni, à vivre grâce au secteur privé. «Nous devons arrêter d’être excessivement polis et apprendre à être de véritables hommes et femmes d’affaires». Le propos, tenu par «un architecte ayant fondé une agence de taille moyenne» est, selon le RIBA, suffisamment significatif.
L’avenir s’annonce, outre-Manche, toutefois des plus sombres. Et c’est avec regret queThe Independant évoque ces temps révolus de l’architecte-roi «quand les riches clients de Frank Lloyd Wright se plaignaient d’une fuite qui endommageait une luxueuse table et que Wright répondait : 'changez donc la table de place'». 
A moins que Zaha Hadid, elle aussi, invite ses clients à réaménager leur intérieur...
Jean-Philippe Hugron

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